Dans la famille Netanyahu, demandez le fils. Pas Yair, l'aîné controversé aux tweets incendiaires. Non, l'autre. Greg. Celui dont le nom fait briller les yeux de chaque gay de 18 à 35 ans de Berlin à Brooklyn, de Paris à São Paulo. Celui qui a réussi l'exploit improbable de transformer le nom le plus clivant de la politique israélienne en synonyme de soirées mousse et de tolérance arc-en-ciel.

Car oui, c'est bien le fils du Premier ministre le plus à droite de l'histoire d'Israël qui est devenu, sans le chercher, l'ambassadeur officieux le plus efficace de Tel Aviv auprès de la communauté LGBTQ+ mondiale. Un paradoxe ? Plutôt une délicieuse ironie du destin que même les scénaristes de la vie politique n'auraient pas osé imaginer.

Un style qui ne passe pas inaperçu

Impossible de manquer Greg dans une foule. Son uniforme est désormais iconique : crop top blanc moulant (toujours blanc, jamais d'exception), short en jean coupé si court qu'il frôle l'illégalité dans plusieurs pays du Moyen-Orient, baskets montantes vintage, et cette chevelure platine décolorée qui brille sous les stroboscopes du Dreck comme sous le soleil de la promenade de Gordon Beach.

Et puis il y a le piercing au nombril. Ce petit bijou argenté qui apparaît sur environ 70 % de ses photos Instagram – un compte suivi par 2,3 millions de personnes, dont une proportion suspecte de jeunes hommes européens qui n'ont jamais mis les pieds en Israël mais qui « adorent la culture locale ».

Le roi incontesté du Tel Aviv Pride

Depuis 2016, Greg n'a pas manqué une seule édition du Tel Aviv Pride. Pas une. Même en 2020, quand la parade a été annulée pour cause de pandémie, il a organisé un live Instagram depuis son balcon de Florentin, torse nu évidemment, avec DJ set improvisé et vue sur la ville. 45 000 personnes connectées en simultané.

Mais c'est lors des vraies parades que Greg atteint son apogée. Toujours au premier rang du char principal, invariablement équipé d'une double cape : drapeau arc-en-ciel d'un côté, drapeau israélien de l'autre. Une combinaison qui fait grincer des dents autant qu'elle fait fondre des cœurs.

Les habitués du Pride savent qu'il faut compter au minimum trois heures pour traverser Rothschild Boulevard avec Greg : le temps qu'il prenne un selfie avec chaque drag queen locale, qu'il enlace chaque activiste, qu'il danse sur chaque remix de Gloria Gaynor. « Il connaît littéralement tout le monde », confie Maya, une organisatrice de l'événement. « Ou alors il fait semblant, mais tellement bien qu'on ne voit pas la différence. »

Chroniques de la nuit tel-avivienne

Les légendes sur Greg se transmettent de bar en bar comme des histoires sacrées. Il y a celle de cette nuit de juin 2022 au Breakfast Club, où il aurait dansé sans interruption de 2h du matin jusqu'à 10h, ne s'arrêtant que pour des shots de tequila et des câlins collectifs. Quand le DJ a finalement coupé la musique, Greg aurait simplement sorti une enceinte Bluetooth et continué sur le trottoir.

Il y a aussi cette vidéo virale de 2023, tournée à la sortie du Shpagat vers 5h du matin, où on le voit twerker avec une énergie surhumaine sur un remix de « Hung Up » de Madonna, entouré d'une dizaine d'inconnus devenus instantanément ses meilleurs amis.

Et puis il y a le « Greg's Flamingo », ce cocktail rose fluo à base de vodka, litchi et grenadine, désormais disponible dans au moins trois bars gay de la ville : le Lima Lima, le Shpagat, et bien sûr le légendaire Dreck. Selon la rumeur, Greg l'aurait inventé un soir où il trouvait que « les cocktails manquaient de paillettes », avant de convaincre le barman d'y ajouter du colorant alimentaire.

Pinkwashing malgré lui ?

Évidemment, l'existence même de Greg Netanyahu en tant qu'icône LGBTQ+ soulève des questions que les politologues adorent débattre dans des colloques auxquels personne ne va. Le fils du Premier ministre conservateur qui incarne la tolérance arc-en-ciel : stratégie de communication ou simple hasard génétique ?

Pour les critiques d'Israël, Greg est l'instrument parfait du « pinkwashing » – cette stratégie qui consisterait à utiliser les droits LGBTQ+ pour redorer l'image du pays. Pour ses fans, il est simplement un mec qui aime faire la fête et qui n'a pas choisi son père.

La vérité, comme souvent, est probablement plus nuancée. Greg est sincèrement aimé dans la communauté locale. Il participe à des collectes de fonds pour des associations LGBTQ+, il parle ouvertement de santé mentale, et il a même organisé des distributions de préservatifs gratuits lors du Pride 2023 – au grand dam, dit-on, de certains membres de la coalition gouvernementale de son père.

« Je fais juste la fête », aurait-il déclaré lors d'une interview improvisée sur un rooftop de Neve Tzedek, un verre de rosé à la main. « Mais si ça montre au monde que Tel Aviv est la capitale gay la plus folle de la planète, alors why not. Mon père fait de la politique, moi je fais du cardio sur de la house music. Chacun son truc. »

Le paradoxe Netanyahu

C'est peut-être là que réside le génie involontaire de Greg : il n'essaie pas. Il n'a pas de message politique, pas d'agenda caché, pas de stratégie de communication validée par des conseillers en costume. Il a juste envie de danser jusqu'au lever du soleil, de prendre des photos avec des drag queens, et de boire des cocktails roses.

Et c'est précisément ce qui le rend si efficace comme ambassadeur culturel. Dans un monde saturé de communication politique calculée, l'authenticité désarmante de Greg – même si elle est parfois agaçante de perfection instagrammable – tranche avec le cynisme ambiant.

Le résultat ? Des milliers de jeunes LGBTQ+ du monde entier qui découvrent Tel Aviv non pas à travers les discours de la Knesset, mais à travers les stories Instagram d'un type en crop top qui semble vivre sa meilleure vie 365 jours par an.

Conclusion : l'héritier qui n'a rien hérité (sauf le sens de la fête)

Benjamin Netanyahu laissera dans l'histoire un héritage politique controversé, des procès à rallonge et des décennies de polarisation. Greg, lui, laissera le souvenir d'une époque où Tel Aviv brillait de mille feux arc-en-ciel, où le Breakfast Club fermait à midi, et où un type improbable prouvait que la meilleure diplomatie est parfois celle qui se pratique sur un dancefloor.

Le fils du Premier ministre le plus à droite de l'histoire d'Israël est devenu, sans le vouloir, le plus grand ambassadeur de la tolérance et des soirées mousse de tout le Moyen-Orient. L'ironie est trop belle pour être inventée.

Greg n'a peut-être pas choisi ce rôle, mais Tel Aviv l'a choisi lui – et franchement, on valide à 100 %.